Le problème des stages non rémunérés
Nous connaissons bien l’archétype des stagiaires non rémunéré.e.s. Ils et elles passent leurs journées à chercher du café et à faire le travail que personne ne veut faire, tout en recevant peu ou pas de reconnaissance de la part du personnel à temps plein. Cela se justifie par le fait que c’est un moyen de « mettre un pied dans la porte » et d’acquérir une expérience du secteur qui, espérons-le, mènera à une carrière réussie. Mais en réfléchissant de manière critique aux stages non rémunérés, nous pouvons constater qu’ils sont dépassés et exploitants.
Les stages non rémunérés sont illégaux au Canada, mais cela ne s’applique pas aux étudiant.e.s qui effectuent des stages pour obtenir des crédits scolaires. Le problème des stages non rémunérés parmi les étudiant.e.s est que ceux et celles qui sont moins stables financièrement n’ont tout simplement pas la possibilité de passer leur été à faire du bénévolat dans une organisation qui les passionne. Cela crée un système qui favorise les étudiant.e.s ayant une richesse générationnelle et une stabilité économique, tout en aliénant ceux et celles issu.e.s de milieux moins fortunés. Afin de créer des espaces où les jeunes peuvent avoir une portée tangible sur les conditions dans lesquelles ils et elles vivent, et pour que les organisations incluent intentionnellement les diverses perspectives des jeunes dans leurs pratiques et leur travail, les stages doivent être rendus accessibles aux jeunes de toutes les catégories démographiques.
Les obstacles que rencontrent les jeunes pour accéder aux possibilités de stage
Les jeunes sont souvent considéré.e.s comme un groupe monolithique, mais ce n’est pas la réalité. Les jeunes d’aujourd’hui sont sans doute la population la plus diversifiée du Canada. Reconnaître les identités croisées des jeunes est la première étape pour comprendre comment nos expériences vécues influent sur notre capacité à nous engager dans la société, à commencer par les stages.
L’histoire des stagiaires non rémunéré.e.s et surchargé.e.s de travail est courante - ce ne sont pas seulement les petites entreprises qui embauchent des stagiaires non rémunéré.e.s, mais aussi les grandes organisations qui ont les moyens de payer, comme les compagnies et les institutions gouvernementales. Une organisation qui n’offre que des stages non rémunérés attirera toujours le même type de personnes : celles qui ont le privilège économique d’accepter un travail non rémunéré. Selon cette mesure, ce sont les étudiant.e.s les plus riches qui occupent ces fonctions. Pour diversifier l’engagement et la sensibilisation des jeunes en interne, les organisations devraient toujours prendre en compte les étudiant.e.s issu.e.s de milieux plus larges. Les stages rémunérés sont essentiels pour créer des espaces d’engagement sûrs pour les jeunes issu.e.s de communautés marginalisées, comme les Noir.e.s, les autochtones, les LGBTQ2IS+, les handicapé.e.s et les autres groupes racialisés.
Les stagiaires sont jeunes, manquent d’expérience et sont souvent considéré.e.s comme impuissant.e.s. Cela les rend vulnérables à des conditions de travail abusives. En tant que stagiaires, les jeunes sont moins susceptibles d’exprimer leurs préoccupations par crainte de compromettre tout débouché futur. Si vous souhaitez impliquer les jeunes de manière significative, vous pouvez prendre certaines mesures pour améliorer leurs expériences au sein de votre organisation.
Voici quelques conseils sur la manière d’offrir des stages éthiques.
1. Payez vos stagiaires.
2. Gérez vos attentes.
N’oubliez pas que vous engagez un.e. stagiaire et non un.e membre du personnel à temps plein. Autant ils et elles sont là pour vous aider, autant ils et elles sont là pour apprendre de vous. Les bombarder d’une quantité écrasante de travail sans leur donner la possibilité de poser des questions et d’apprendre les empêchera d’atteindre leur plein potentiel. Inversement, ne pas donner de travail substantiel à la personne en stage l’empêchera d’apprendre quoi que ce soit de valable. Afin de trouver le bon équilibre dans les attentes, analysez le profil de chaque stagiaire. Tenez compte du programme et de l’année dans lesquels ils et elles se trouvent, de leur charge de cours actuelle et des compétences qui ont été développées à l’école. En gardant cela à l’esprit, faites le lien avec l’offre d’emploi et la manière dont vous pouvez adapter votre stage pour les aider à donner le meilleur d’eux-mêmes et d’elles-mêmes.
3. Donnez-lui une variété de tâches.
Dans de nombreux domaines, il est devenu normal de confier les tâches les moins agréables au stagiaire. Bien que certaines de ces tâches fastidieuses soient essentielles, en variant leurs affectations et en leur donnant plus de responsabilités lorsque cela est possible, vous montrez à votre stagiaire que vous voulez lui offrir des possibilités d’apprentissage, ce qu’il ou elle appréciera. L’engagement significatif des jeunes se produit lorsque vous créez un espace pour que les jeunes puissent jouer des rôles autonomes.
4. Faites un suivi.
Prenez contact avec votre stagiaire, peut-être dans le cadre de discussions hebdomadaires autour d’un café, et demandez à cette personne comment elle va. Quelles sont les tâches appréciées? Quels sont les plus grands défis? Quels sont les domaines à explorer? Voyez où vous pouvez l’accommoder; cela l’aidera non seulement à apprendre et à exceller dans son rôle, mais favorisera une meilleure relation entre le ou la stagiaire et votre organisation. Intéressez-vous sincèrement à ses aspirations et à ses projets d’avenir, et voyez dans quelle mesure vous pouvez être un.e mentor.e. Reconnaissez la portée du travail de la personne en stage sur la mission de votre organisation, ainsi que sa place en général. En reconnaissant le ou la stagiaire et en lui communiquant cette reconnaissance, vous lui donnerez un sentiment d’appartenance et d’utilité au sein de votre organisation.
5. Impliquez le ou la stagiaire.
Créez un espace où votre stagiaire se sent en sécurité pour fournir un retour d’information continu à votre organisation. Valorisez son retour d’information en mettant en œuvre les recommandations de manière tangible, par exemple par le biais de nouvelles initiatives ou de projets existants. Impliquez le ou la stagiaire dans les processus de planification; faites en sorte que ses idées et propositions soient valorisées et montrez que vous prenez sa participation au sérieux.
N’oubliez pas
Les jeunes stagiaires sont important.e.s. Ils et elles représentent les perspectives des jeunes, et en les valorisant, vous montrez que vous appréciez ce que les jeunes ont à apporter à votre travail.
Lorsque les jeunes sont traité.e.s comme des personnes dignes dans une organisation, non seulement cela nous donne envie de continuer à travailler avec vous, mais cela nous donne aussi la confiance nécessaire pour réussir nos objectifs futurs, professionnels ou autres. Lorsque nous sommes engagés de manière significative par des organisations et des institutions de pouvoir, nous sentons que nous avons quelque chose à apporter et que notre voix compte. Notre capacité à participer à la démocratie – qu’il s’agisse de voter, de faire campagne ou même de se présenter aux élections – dépend de nos interactions avec les personnes en position de pouvoir.
Une fois que vous avez fait de la place à des jeunes d’origines diverses grâce à des stages éthiques, continuez à vous demander comment vous pouvez faire de ces espaces des moyens significatifs d’autonomisation des jeunes. En donnant aux jeunes des responsabilités ainsi qu’un sentiment d’accès et de contrôle, vous leur donnez confiance en leurs capacités. À l’avenir, ce type de confiance permettra aux jeunes d’être avides de participation démocratique, d’innovation et de leadership.