Qu’est-ce que l’innovation démocratique menée par les jeunes, et comment a-t-elle joué un rôle dans les élections fédérales canadiennes?
Dans les semaines qui ont précédé l’élection fédérale surprise au Canada, nous avons pu constater à quel point la participation politique des jeunes est en train de changer. La campagne électorale qui a précédé les élections du 20 septembre a suscité chez les jeunes Canadien.ne.s un sentiment d’incertitude pour le moins stressant. Néanmoins, les jeunes se sont impliqué.e.s de manière innovante, au-delà de ce que nous considérons habituellement lorsque nous pensons à la participation démocratique. Les élections de 2021 ont donné pratiquement le même résultat que les dernières élections canadiennes de 2019 : le Parti libéral a finalement remporté un autre gouvernement minoritaire, et les conservateurs restent l’opposition officielle. Mais cette course électorale a été très serrée – démontrant une fois de plus combien chaque vote est crucial.
Bien qu’ils et elles constituent le plus grand groupe de votants au Canada, les jeunes Canadien.ne.s sont connu.e.s pour avoir un faible taux de participation électorale. Cette élection, cependant, nous avons vu l’engagement politique des jeunes se manifester de manière non traditionnelle. Les jeunes abandonnent de plus en plus les modes formels de participation politique et adoptent plutôt un engagement au niveau local. C’est pourquoi il est important que nous changions notre façon de penser à la participation des jeunes. L’innovation démocratique menée par les jeunes (IDMJ) est un cadre développé par L’apathie c’est plate qui redéfinit la façon dont nous pensons à la participation civique des jeunes. Elle reconnaît les différents rôles que les jeunes peuvent jouer lorsqu’ils et elles s’impliquent dans leur communauté, en combinant action individuelle, projets communautaires sur le terrain et prise de décision à grande échelle. Elle abandonne les anciennes structures hiérarchiques de l’engagement politique, qui mettaient trop l’accent sur la nécessité de « gravir les échelons » pour acquérir le pouvoir.
L’innovation démocratique menée par les jeunes offre la flexibilité nécessaire pour que les jeunes s’engagent de la manière qui leur semble appropriée et dont ils et elles sont capables. Il existe trois modes d’IDMJ. Premièrement, les jeunes en tant que leaders du mouvement. Ce mode est destiné aux jeunes qui suscitent un débat public sur un enjeu auquel ils et elles souhaitent sensibiliser le public. Le second est celui des jeunes en tant qu’organisateur.ice.s créatif.ve.s. C’est alors que les jeunes mobilisent leurs compétences et leurs réseaux pour créer des solutions communautaires. Le troisième est celui des jeunes en tant que décideur.euse.s. Ce mode englobe les jeunes qui veulent prendre des décisions importantes qui ont une portée sur la jeunesse, leurs pairs et leurs communautés en général.
Ce cadre soutient l’idée qu’une forme de participation n’est pas supérieure à une autre – toutes sont des facettes importantes de la participation démocratique. En retour, cela permet aux jeunes d’être plus engagé.e.s et de voir la portée directe de leurs actions. À tout moment, les jeunes peuvent passer d’un mode à l’autre, en fonction de leur capacité à s’engager dans un mouvement social à un moment donné. Cette période électorale a été tumultueuse : alors qu’un nombre record de Canadien.ne.s ont voté par anticipation, les sondages prédisaient à juste titre que l’élection serait volatile. Bien que de nombreux Canadien.ne.s ne sachent pas trop pour qui voter, nous avons vu l’IDMJ en action. Les médias sociaux ont été l’un des nombreux moyens par lesquels les jeunes se sont impliqué.e.s dans cette élection. Le discours sur Internet est devenu une ressource majeure pour les jeunes électeur.ice.s, et les politicien.ne.s ont utilisé les médias sociaux à leur avantage en en faisant une méthode principale de communication et d’engagement avec les jeunes Canadien.ne.s. En s’appuyant sur ce type d’engagement des jeunes, les élu.e.s ont montré qu’ils et elles commençaient à comprendre qu’il fallait rejoindre les jeunes différemment.
Maintenant que l’élection est terminée, les jeunes se demandent comment le gouvernement fédéral abordera les enjeux importants au Canada, comme le changement climatique, l’accessibilité au logement, et traverser la quatrième vague de pandémie de COVID-19. Le stress de ces enjeux pèse sur les jeunes Canadien.ne.s de manière unique alors que nous réfléchissons à notre avenir collectif. L’élection a prouvé que les politicien.ne.s sont sur la voie de l’engagement des jeunes de manière innovante – et à mesure que nous avançons, il est important que les institutions ne perdent pas ce lien avec les jeunes et continuent à les soutenir. Cela signifie que les membres des générations plus âgées en position d’influence – comme les élu.e.s, les PDG et les éducateur.ice.s – doivent maintenir la dynamique de confiance et d’engagement. En tant que membres d’institutions/organisations puissantes, il est important de réfléchir à la manière dont vous pouvez garder la jeunesse en tête après l’élection. Les jeunes Canadien.ne.s méritent de voir la sensibilisation des jeunes se poursuivre après les élections et la campagne. Pour cela, il faut créer un espace et un soutien pour l’IDMJ dans votre organisation, en écoutant les jeunes, en les impliquant dans les discussions importantes et en leur donnant un réel pouvoir de décision.