Qu’est-ce que le capacitisme, et comment se manifeste-t-il dans les institutions dans lesquelles les jeunes naviguent?

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C’est une vérité malheureuse : notre société répond exclusivement aux besoins des personnes valides et neurotypiques. Par conséquent, les personnes handicapées doivent surmonter des obstacles supplémentaires pour pouvoir vivre leur vie comme les personnes non handicapées. Ces obstacles proviennent de ce que l’on appelle le capacitisme, aussi appelé discrimination fondée sur la capacité physique. Le capacitisme est une discrimination à l’encontre des personnes souffrant d’un handicap mental ou physique, né de l’idée néfaste que les personnes handicapées ont moins de valeur dans la société que les personnes non handicapées. Ses effets sont encore plus graves pour les jeunes, qui ont déjà beaucoup de préoccupations lorsqu’ils et elles essaient de trouver leur chemin dans les institutions canadiennes. 

Le problème avec le capacitisme, c’est qu’on peut le perpétuer sans en avoir l’intention. Il provient souvent d’idées fausses et d’un manque de compréhension des personnes handicapées. Par conséquent, de nombreux comportements discriminatoires ont été fortement normalisés. Le langage que nous utilisons en est un bon exemple. Des mots tels que « aveugle », « sourd » et « muet » – qui sont utilisés dans le langage courant comme des plaisanteries ou des insultes – perpétuent le capacitisme en mettant à l’écart les personnes souffrant d’un handicap mental ou physique. Sur le plan systémique, la plupart des institutions et organisations sont conçues pour accueillir uniquement des personnes non handicapées, excluant ainsi les personnes handicapées.

En fin de compte, le capacitisme empêche les jeunes handicapé.e.s de se sentir en sécurité dans les organisations de pouvoir. Pour combattre le capacitisme, il faut être capable de l’identifier. Voici quelques exemples de ce à quoi le capacitisme peut ressembler dans les organisations et les institutions.


Parler au nom des personnes handicapées

Les personnes handicapées ont souvent l’impression que d’autres personnes parlent en leur nom. Cela, même si ce n’est pas intentionnel, réduit au silence d’importantes perspectives de première main. La communauté des personnes handicapées n’est pas un monolithe, et il est important que les organisations comprennent les recoupements entre le handicap et d’autres identités comme la race, le genre et l’orientation sexuelle. Si vous ne disposez pas de ces perspectives pour alimenter vos conversations sur le handicap, vous risquez de mal interpréter la réalité des membres de cette communauté et de leur nuire. Lors des conversations sur les questions de handicap, veillez à amplifier la voix des personnes handicapées. Autrement, c’est du militantisme performatif.

Manque d’accès physique

Les personnes handicapées sont souvent confrontées à des obstacles physiques qui les empêchent d’aller quelque part ou de faire quelque chose. Les barrières telles que les marches, les escaliers, les entrées/sorties des bâtiments et les toilettes sont autant d’obstacles qui rendent difficile la navigation dans les infrastructures pour les personnes handicapées. Si vous n’ajoutez pas de mesures d’accessibilité à votre organisation, vous envoyez le message que votre organisation est conçue pour exclure les personnes handicapées. 

Il en va de même pour la langue. Lorsque vous utilisez la communication numérique pour dialoguer avec votre équipe et votre public, veillez à ce que les informations soient accessibles au plus grand nombre. Dans les espaces de médias sociaux, par exemple, cela signifie qu’il faut ajouter du texte alternatif à vos images et des sous-titres à vos vidéos, afin que les personnes souffrant de déficiences visuelles et auditives puissent rester engagées. Assurez-vous de réfléchir à la manière dont votre message peut toucher tout le monde, et pas seulement les personnes non handicapées et neurotypiques.

Des idées rigides sur la façon dont les choses doivent être faites

Nous avons tous et toutes été victimes de la culture du surmenage. Mais pour les personnes handicapées, cette mentalité de travail sans relâche peut avoir des répercussions encore plus grandes. Lorsque des organisations annoncent qu’elles se préoccupent de la santé mentale, mais n’ont pas de ressources réelles disponibles, cela aliène les personnes handicapées. Sur le lieu de travail, les horaires rigides qui ne prévoient pas d’horaires flexibles ni d’équilibre sain entre vie professionnelle et vie privée exposent les jeunes handicapé.e.s à l’échec. 

Lorsque la productivité est valorisée par-dessus tout, les organisations perpétuent l’idée que le travail doit être effectué le plus rapidement possible pour être considéré comme « bon ». Mais cela revient à nier le fait que nous travaillons tous et toutes différemment, et qu’attendre que chaque personne ait la même méthode de travail est nuisible. Dans les établissements d’enseignement, par exemple, on demande aux jeunes de rester assis.es pendant des heures pour apprendre. Mais ces règles ne tiennent pas compte du fait que tout le monde n’apprend pas de la même manière, et c’est pourquoi tous.tes les élèves ne peuvent pas s’épanouir dans ces espaces. En fin de compte, le travail est mieux fait lorsque vous permettez aux gens de jouer sur leurs points forts et de travailler d’une manière qui leur convient le mieux. 

N’oubliez pas

Le capacitisme empêche tout le monde de progresser. Cette forme de discrimination, même si elle peut passer inaperçue pour les personnes non handicapées, a des répercussions considérables sur les expériences vécues par les personnes handicapées. Et ses ramifications quotidiennes empêchent les personnes handicapées de vivre leur vie de la même manière que les personnes non handicapées. Le capacitisme perpétue le discours néfaste selon lequel les personnes handicapées sont moins importantes. 

Les jeunes méritent de se sentir habilité.e.s à atteindre leurs objectifs, et il en va de même pour les personnes handicapées. Les jeunes handicapé.e.s ont des talents, des perspectives et des capacités uniques, et ils et elles méritent d’être engagé.e.s dans les institutions et les organisations canadiennes. Les organisations et les institutions qui comprennent le capacitisme peuvent mieux l’identifier dans leurs propres systèmes et travailler à son éradication. Ce qui, à son tour, permet aux jeunes handicapé.e.s de s’épanouir. 

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