VISER L’INTENTION PAS LA RÉACTION
UN GUIDE POUR ÉVITER LE SYMBOLISME LORS DE L’ENGAGEMENT DES JEUNES
Nous n’aimons pas en parler, mais nous devons le faire. Le symbolisme, aussi appelé « coopération/ouverture symbolique » ou « politique de pure forme », est plus fréquent qu’on ne veut bien l’admettre, et il touche toutes les personnes concernées. Le résultat est la frustration et la déception tant pour les organisations impliquées que pour les jeunes qu’elles tentent d’engager.
Comprendre à quoi ressemble le symbolisme est la première étape pour l’éviter dans vos efforts d’engagement des jeunes. Les conseils ci-dessous vous aideront à éviter cette duplicité et à développer de véritables occasions pour les jeunes afin d’avoir une incidence positive sur la prise de décision au sein de votre organisation.
Qu’est-ce que le symbolisme?
L’implication superficielle d’un groupe dans le processus de prise de décision d’une manière qui le maintien impuissant, sous-informé et non responsable.
Dans le contexte de l’engagement des jeunes, le symbolisme a trois résultats différents :
Pour les adultes plus âgés, cela répond souvent au besoin de « se sentir bien » en faisant quelque chose pour faire participer les jeunes, mais sans relever les véritables défis ou ajustements qu’implique une initiative significative, cela ne créera pas de retombées ou d’améliorations durables sur votre travail.
Pour les jeunes, c’est à la fois étouffant et rabaissant. Non seulement l’engagement symbolique ne parvient pas à développer de véritables capacités de leadership chez les jeunes, mais il est source de frustration, de cynisme et peut conduire à un désengagement futur.
Pour les organisations, cela signifie qu’un partenariat intergénérationnel aura peu d’avantages durables. Une jeune personne victime de symbolisme peut faire bonne figure dans votre communiqué de presse, mais elle ne deviendra probablement pas un.e adepte à long terme ou ne fera pas la promotion de votre organisation auprès de ses pairs.
Comment éviter ce piège
Pour que vos initiatives en faveur des jeunes soient exemptes de toute participation symbolique, utilisez ce guide comme une liste de vérification :
Soyez précis sur les structures et les résultats que votre organisation veut créer. Les idées floues sur la participation des jeunes sont plus susceptibles d’être abordées par des approches faciles et symboliques. Faites des recherches, planifiez concrètement votre approche et investissez dans des efforts de sensibilisation et d’engagement réfléchis.
Un.e jeune ne représente pas la jeunesse en général. Si votre organisation souhaite une véritable représentation d’un groupe aussi divers que les jeunes, vous devez comprendre que les jeunes n’ont pas une identité monolithique et que vous devez sortir de vos contacts habituels et faire de la place pour de nouveaux visages.
Faites attention aux « consultations ». Le modèle de consultation peut être utilisé pour certains projets, à condition que la manière dont les idées des jeunes sont prises en compte et mises en oeuvre soit responsable et transparente. Sinon, les jeunes peuvent avoir l’impression qu’on les utilise simplement pour justifier les plans existants.
Embauchez plusieurs jeunes pour élargir la portée de votre programme d’engagement et renforcer la rétention. Les jeunes bénévoles rémunéré.e.s sont plus susceptibles d’êtres fidèles lorsqu’il.elle.s partagent une expérience sociale avec des personnes de leur âge(1). Le mot clé ici : payé.e.
Suivez le degré de rétention. Consignez systématiquement la durée d’engagement du personnel et des bénévoles au sein de votre organisation, et effectuez des entrevues ou des sondages de départ lorsqu’il.elle.s partent. Cela vous aidera à cibler les forces et les faiblesses de votre organisation en matière d’engagement durable des jeunes.
Posez des questions et acceptez les rétroactions. Prenez le temps de demander aux jeunes ce qui fonctionne, ce qui ne fonctionne pas et ce qu’il.elle.s attendent de vous, et faites-leur savoir comment ils et elles se débrouillent. Un retour d’information régulier et de qualité dans les deux sens peut faire la différence entre un projet ponctuel qui tourne au ralenti et un changement autocorrectif et transformateur au sein de votre organisation.
Fournissez une formation accessible avant les réunions. Donnez aux jeunes des informations de base et expliquez-leur les acronymes ou les termes compliqués avant leur arrivée dans la salle. Bien sûr, il est toujours important pour les jeunes de savoir que des éclaircissements peuvent être demandés à tout moment.
Encouragez activement la participation et accordez une place spécifique aux jeunes dans les réunions. Une politique de type « porte ouverte » n’est pas nécessairement ouverte à tou.te.s de la même manière. Sans une approche proactive, de nombreuses personnes – y compris des jeunes – peuvent se sentir intimidé.e.s, pas à leur place ou ne pas avoir assez d’expérience à partager.
Sachez qui parle dans les réunions. Il s’agit d’une bonne pratique générale qui consiste à se souvenir des personnes qui ont déjà pris la parole lors d’une réunion et à encourager les participant.e.s moins loquaces à apporter leur contribution. Vous pouvez désigner un.e animateur.ice pour gérer la liste des orateur.ice.s et compter les contributions des différents participant.e.s. Encouragez toujours un échange d’idées sain et intergénérationnel.
Impliquez les jeunes le plus tôt possible, idéalement au tout début de la budgétisation et de la conception des programmes. Non seulement cela contribue à préparer les jeunes à des rôles de leadership, mais leur contribution permet également d’améliorer les programmes et les services qui leur sont destinés ainsi qu’à leurs pairs. Votre objectif devrait être d’impliquer les gens dans un processus de planification ascendant plutôt que de leur présenter des plans déjà réalisés.
Vérifiez si votre processus de décision a changé. Lorsque vous engagez réellement de nouvelles voix et des perspectives diverses dans les discussions, vous devrez inévitablement travailler de manière plus dynamique, créative et collaborative. Attendez-vous à recevoir des questions et à connaître des difficultés – elles sont le signe que votre organisation s’adapte.
Il n’est jamais trop tard pour impliquer les jeunes dans une organisation ou un programme. N’oubliez pas que plutôt qu’une solution rapide, vous devez évaluer le fonctionnement de votre organisation et être ouvert aux nouvelles idées des jeunes que vous engagez. Vous serez heureux de l’avoir fait.
N’oubliez pas
Nous avons tous vu des projets superficiels d’engagement des jeunes. Vous connaissez le genre : une organisation investit quelques centaines de dollars pour amener quelques jeunes à une conférence de presse. Les questions difficiles sur l’engagement des jeunes sont détournées en pointant du doigt ce fonds d’engagement des jeunes, mais sans aborder des choses comme le renouvellement organisationnel, l’innovation ou la planification de la transition.
Le symbolisme est difficile à reconnaître du point de vue de la majorité. Les pratiques symboliques sont rarement intentionnelles et vous ne pouvez pas vous fier à votre instinct. Réfléchissez plutôt attentivement à votre processus d’engagement des jeunes et demandez des points de vue extérieurs si nécessaire. La meilleure façon de s’assurer que vous êtes sur la bonne voie est d’être ouvert à une rétroaction honnête.
(1)- Hientz et coll., « Bridging the Gap: Enriching the Volunteer Experience to Build a Better Future for our Communities—Summary of Findings of a Pan-Canadian Research Study. » 11.